L'amour, c'est un sentiment assez étrange. Il vous envahit et vous assaille tel une déferlante. Vous n'êtes alors plus maître de vos pensées, de vos envies et encore moins de vos actes. A une époque, je me dévouais corps et âme à ma relation amoureuse tout comme à celui qui engendrait tous ces sentiments. Aujourd'hui, la méfiance m'habite. Mike et moi, nous nous sommes rencontrés alors que j'avais seize ans, ça veut donc dire il y a neuf ans. Tout nous opposait. En effet, il était le fils de notre jardinier. Moi, j'étais riche grâce à la réussite financière de mon père. En même temps, il faut dire que le milieu pétrolier est assez bien coté. Certes, les différentes crises ont eu leurs impacts mais ça reste tout de même un secteur d'avenir. Revenons-en à Mike. Je l'ai rencontré alors qu'il emmenait son déjeuner à son père. Grand brun aux yeux clairs, il était également doté d'un sourire ravageur. J'ai rapidement été intéressé par ce garçon et son statut financier n'avait aucune importance pour moi. Quel bel homme ! Dommage que le compte en banque ne suive pas avec le physique. A ces mots, je ne pus m'empêcher de fusiller ma mère du regard. N'avait-elle donc pas honte de le juger ainsi alors qu'elle était encore de ces gens-là, il y a quelques années ? Mes parents dépensaient à tout-va. Cela m'avait plus pendant un temps mais j'étais à présent lassée. A partir de ce jour, à la même heure, je pris pour habitude de me poster face à la baie vitrée, en espérant qu'il viendrait à nouveau. Ce jour tant attendu arriva. Marisol avait préparé de la limonade. Je pris soin d'emmener trois verres et un pichet, puis je partis à leur rencontre. Bonjour, messieurs. Un peu de limonade pour vous rafraîchir ? Avec plaisir, Miss Banes. J'esquissais un large sourire sur mon visage. Le jardinier et père de Mike avait toujours été attentionné et poli. Je lui servis son verre et en tendis un au jeune homme. Non, merci. Qui sait ce que vous avez pu mettre dedans pour ne pas avoir à nous payer ? Je ne pus refréner un froncement de sourcils. Il ne me connaissait pas et se permettait de me juger ainsi. Il continua de plus belle. Hors de moi, je lui balançais le verre de limonade à la figure avant de rentrer. Quel rustre ! J'avais simplement voulu me montrer gentille et il me traitait comme une moins-que-rien.

Le temps passa et je continuais tout de même à les observer de loin. J'avais cette curiosité et cette fascination qui me rongeait de l'intérieur. D'un côté, jamais personne n'avait osé s'adresser à moi de cette manière. Étrangement, j'avais l'impression d'avoir apprécié cela. Ce jour-là, il me surprit et plongea son regard dans le mien. Je refermais le rideau et partis m'installer sur le canapé. Pfff, il m'énervait mais il me passionnait en même temps. Perdue dans mes pensées, je fus ramener à la réalité lorsque la sonnerie retentit. Marisol allait ouvrir et il débarqua dans le salon. Bonjour, Emeli. Comment connaissait-il mon nom ?! Qu'est-ce que vous faites ici ? Faites attention, il est peut-être dangereux que nous respirions le même air ! Pleine de sarcasmes, je lui en voulais encore. Ecoutez, je suis venue pour m'excuser pour mon comportement. Je n'imaginais pas que les gens comme vous pouvaient être sympathiques. Vous savez nous reprocher de marquer la différence mais vous en avez fait autant la dernière fois. Je vais voir si j'accepte vos excuses. Il me dévisagea, outré. Vous avez un sacré culot ! J'en ai rien à faire que vous acceptiez mes excuses ou non. C'était simplement de la politesse. Il quitta la pièce aussitôt. Et merde, quelle conne ! Ma mère l'avait engagé comme serveur à la soirée qu'elle organisait ce week-end, ce dont je n'étais évidemment pas au courant. J'ai tenté de l'éviter mais, d'un côté, je mourrais d'envie de le voir. A un moment, alors que je le cherchais dans le jardin, je fus surprise. C'est moi que vous cherchez ainsi. Euh... Non, non, pas du tout. Je cherchais à m'isoler de tout ce brouhaha. Ah !Il sembla déçu. Alors que je m'éloignais, il me prit par le bras et posa ses lèvres sur les miennes. Ce fût une accumulation d'émotions, je ne savais pas trop comment réagir. Nous sommes sortis ensemble pendant trois ans. Jusqu'à ce qu'il me quitte pour ma cousine. Il avait fini par changer. Il a, en effet, ouvert sa propre entreprise et est devenu l'un de ces hommes riches et puissants qui se croient intouchables. CEUX QUE JE DÉTESTE !!

Fraîchement diplômée, je vais travailler pour l'entreprise familiale d'ici peu. Ce n'est pas vraiment ce que j'avais espéré mais il s'agit là d'un bon début. Mike est revenu en ville. Notre rupture continue de me faire mal. Il a été le seul homme que j'ai aimé et il n'a pas su se montrer digne de confiance. Toutefois, je ne passe pas un jour sans espérer qu'il vienne me voir en me demandant de le récupérer.